Lettre à mon corps, lettre à mon âme
Cher corps, chère âme,
Je vous écris aujourd’hui avec toute la bienveillance et la reconnaissance que j’aurais dû vous offrir il y a bien longtemps. J’ai passé des années à vous ignorer, à vous malmener, à exiger de vous toujours plus, sans jamais écouter vos cris d’alerte. Aujourd’hui, je veux vous honorer, vous remercier, et surtout, raconter votre histoire...
L’illusion du miroir
Vers 14, 15, 16 ans, je me suis perdue dans un combat injuste contre moi-même. Adolescente, je me suis comparée sans relâche. Mesurant 5’6’’, j’étais plus grande et plus mince que la plupart de mes amies, mais à travers mon regard, je ne voyais que des chiffres. Ceux sur l’étiquette de mes jeans, ceux affichés sur la balance.
Quand mes amies portaient du 0, du 3 ou du 5, moi, je devais choisir du 7 ou du 9 pour que mes jambes trouvent la bonne longueur. Pourtant, ma taille flottait toujours dans mes vêtements. Ce que je ne comprenais pas à l’époque, c’est que nos morphologies étaient simplement différentes. Mais dans mes yeux d’adolescente, je ne voyais que des écarts que je voulais à tout prix effacer. Alors, j’ai commencé à sauter le petit déjeuner. À prétendre que je n’avais pas faim à l’heure du dîner. À ne manger que le soir, pour ne pas inquiéter mes parents. Et chaque jour, j’allais courir, cherchant désespérément à modeler mon corps selon une image qui ne correspondait à aucune réalité. J’étais douée pour cacher ce que je vivais. Ce n’est que bien des années plus tard, lors d’une discussion en famille sur les régimes et les calories, que mes parents ont appris ce que j’avais traversé.
Aujourd’hui, quand je regarde ces photos de moi à cet âge, je vois la vérité. Mes joues creuses, mes côtes saillantes, mon corps qui réclamait ce que je lui refusais. J’étais prisonnière d’une illusion, incapable de voir la beauté et la force qui étaient déjà en moi.
Le passage d’un extrême à l’autre
À 24-25 ans, j’ai fait une promesse à mon corps : ne plus jamais lui imposer cette sévérité malsaine. J’ai arrêté de compter les calories, de m’imposer des règles rigides. Mais en voulant fuir un extrême, je suis tombée dans l’autre. Mon travail est devenu ma nouvelle obsession. La performance. La perfection. L’ambition. J’ai arrêté de m’entraîner, j'ai arrêté de prendre soin de moi. Toute mon énergie était consacrée à mes clients, à ma compagnie, à mes projets. J’étais all-in, incapable de voir que je m’épuisais à petit feu. Les années ont passé et, à 35-36-37 ans, mon corps a dit stop! Fatigue chronique, perte d’énergie, stress omniprésent.
On croit souvent qu’un sourire dit tout… mais il peut masquer des silences, des secrets et une fatigue profonde. 2019 : un sourire en façade. 2024 : une lumière retrouvée. 💫 Entre ces deux moments, presque aucune photo n’a été prise… J’évitais les miroirs et les objectifs, incapable de me voir telle que j’étais. La vraie transformation ne se voit pas seulement, elle se ressent. 💖✨
J’étais vidée.
Quand tout s’arrête… et recommence
Puis, le Covid est arrivé.
Là où certains ont vécu des moments dévastateurs, moi, j’ai enfin eu l’occasion de ralentir. De mettre une pause sur cette vie effrénée.
Plus de massothérapie. Plus de comités sociaux. Plus de chambre de commerce. Plus d’obligations. Juste moi et ce silence que j’évitais depuis si longtemps. Et pourtant, même en retirant ces engagements, je continuais à accumuler le stress du travail. J’acceptais tout, sans savoir dire non. J’étouffais sous les projets, les délais, les attentes… jusqu’à ne plus rien ressentir du tout. J’étais un robot, fonctionnant sur pilote automatique. En 2022, ma flamme intérieure était complètement éteinte. Je savais que je ne pouvais pas continuer ainsi. Mais comment changer quand tout notre monde est construit sur cette cadence folle?
Alors, j’ai fait un choix radical.
Avec mon copain, nous avons tout vendu et pris une année sabbatique. J’ai mis mes contrats en pause. Nous sommes partis, sans attache, sans plan précis, juste pour voir où le vent nous mènerait. Un mois sur la côte Est des États-Unis, à marcher sur la plage, à respirer l’air marin. À écouter mon corps, enfin. Mais il m’a fallu six mois pour recharger mes batteries. Six mois pour retrouver un semblant d’énergie. Puis, peu à peu, j’ai repris mon pouvoir.
J’ai recommencé à faire des contrats, mais à mon rythme. J’ai appris à structurer mes journées en respectant mon énergie. J’ai médité, écrit, lu, voyagé. Je suis redevenue créative. La passion que j’avais perdue pendant tant d’années s’est rallumée. Quand est venu le moment de retourner au travail, j’ai ressenti une angoisse profonde. Je n’étais pas prête. Alors j’ai demandé une deuxième année sabbatique. Et cette fois, j’ai su que je ne reviendrais jamais en arrière.
« Lorsque nous nous écoutons vraiment, nous trouvons des réponses que le monde extérieur ne pourra jamais nous offrir. »
Le début d’une nouvelle vie
Quand j’ai rouvert mes contrats en tant qu’entrepreneure, tout s’est aligné. Les opportunités sont venues naturellement. Mon agenda s’est rempli pour un an, mais cette fois-ci, selon mes règles, selon mes conditions. J’ai retrouvé ma flamme.
J’ai donné ma démission, j’ai embrassé mon parcours d’entrepreneure à plein temps, et aujourd’hui, début 2025, ma compagnie est incorporée, ce blogue est lancé, j’ai le vent dans les voiles.
Pourquoi je vous raconte tout ça?
Parce que trop souvent, on regarde les autres de l’extérieur et on pense qu’ils ont tout réussi. On croit que leur vie est parfaite. Mais personne ne voit les sacrifices, les doutes, les échecs et les combats intérieurs.
Je ne suis pas parfaite. J’ai trébuché. J’ai perdu pied. J’ai ignoré les signaux. Mais à chaque fois, j’ai trouvé un moyen de me relever. Parce que la vie, c’est une succession de choix.
Écoute-t-on notre petite voix intérieure ou l’étouffe-t-on sous des obligations qui ne nous ressemblent plus?
Respecte-t-on notre corps, nos limites, notre énergie, ou se pousse-t-on jusqu’à l’épuisement?
Je ne suis ni médecin, ni psychologue. Je partage simplement mon histoire, avec l’espoir qu’elle résonne peut-être en quelqu’un qui en a besoin. Et si vous ressentez le besoin d’aide, surtout, ne restez pas seul.e. Consultez, entourez-vous des bonnes personnes, allez chercher du soutien, et ne soyez jamais gêné.e de le faire. Tendre la main n’est pas une faiblesse, c’est un acte de courage. Je l’ai fait plus d’une fois dans ma vie, et à chaque fois, ça m’a fait un bien immense.
J’ai perdu un ami qui a choisi de partir parce qu’il n’a pas su, ou pas pu, demander de l’aide. Son absence me rappelle chaque jour combien il est essentiel de ne pas porter nos souffrances seul.e. À l’inverse, j’ai aussi un proche qui est toujours là aujourd’hui, parce qu’il a eu le courage de demander du soutien. Il a choisi la lumière plutôt que l’isolement, et il est la preuve vivante que l’aide existe et qu’elle peut tout changer.
Si vous traversez des moments difficiles, sachez que vous n’êtes pas seul.e. Il y a des solutions, des personnes qui tiennent à vous et qui veulent vous aider. Osez tendre la main. Vous méritez d’être entendu.e et soutenu.e.
Alors, posez-vous cette question aujourd’hui :
Suis-je bien là où je suis?
Si la réponse est non, il n’est jamais trop tard pour reprendre les rênes de votre propre histoire. Votre corps, votre âme et votre bonheur en valent la peine. La vie est trop précieuse pour être vécue en mode survie. 💖✨